Si je dis « Cyril Dessel »? Forcement ça vous parle? Non parce que nous ça nous évoque une quantité innombrable de grands moment, d’émotions, que ce soit derrière notre poste de télévision ou au bord de la route…On va faire un petit effort pour les néophytes!
Cyril Dessel c’est un des plus beaux palmarès du cyclisme français: Porteur du maillot jaune sur le Tour de France, 6ème du classement général et vainqueur d’étape, ajouté à cela un Tour de l’Ain, une victoire d’étape sur le Dauphiné Liberé, ainsi qu’ une deuxième place sur les championnats de France 2004!
Oui mais voila Cyril Dessel ce n’est pas qu’un palmarès, ce n’est pas non plus qu’un coureur à la retraite, c’est avant tout un passionné de la Petite Reine, toujours prêt à donner des conseils sur l’entrainement, la diététique, la course. Aujourd’hui il a décidé de remettre le pied à l’étrier pour partager son amour du cyclisme avec jeunes et moins jeunes; Son but? Que chacun puisse s’épanouir à sa façon quelque soit ses objectifs dans cette si belle discipline qu’est le vélo. Pour mener à bien ce projet il a décidé de se tourner vers son club de coeur l’ESCEL, celui qui lui a entre autre permis de passer chez les professionnels… Rencontre exceptionnelle avec le nouveau Conseiller Technique du club ligérien

Le temps passe voila, maintenant 5 ans que tu a mis un terme à ta carrière et pourtant j’ai l’impression que c’était hier, aujourd’hui tu es de retour dans le monde du cyclisme mais de l’autre côté de la scène, pourquoi se rapprocher du monde du vélo maintenant?


Quand j’ai pris ma retraite sportive j’avais l’envie de faire un break avec le cyclisme, 15 ans de carrière c’est long… J’ai travaillé un peu dans l’immobilier, j’y travaille toujours d’ailleurs. Même si j’ai coupé toute dimension purement sportive j’ai tout de même gardé un petit pied dans le vélo avec mes prestations pour ASO, sur le Dauphiné, le Tour de France. Mon arrivée à l’ECSEL s’est fait progressivement il n y a rien de vraiment hasardeux la dessous, j’y suis licencié depuis 1999. Depuis cette période j’ai toujours été au contact des dirigeants que ce soit pendant ma carrière ou même après. Ces derniers mois je l’avoue ce petit monde me manquait, j’ai eu envie de revenir, un rapprochement mutuel s’est effectué et voilà où nous en sommes aujourd’hui (rires). Nous sommes au début d’une collaboration, j’espère que ça va durer longtemps.

« Ce petit monde me manquait »

Si on regarde bien, Saint Etienne, c’est un peu une famille pour toi! Tu m’arrêtes si je me trompe mais je crois que c’est le club qui t’as permis de passer le rubicon! Dès ton premier briefing en stage de cohésion les coureurs t’ont senti très investi…

Je n’ oublie pas d’où je viens! J’ai un parcours qui a été atypique. J’ai connu 4 clubs amateurs: Pélussin, Vaulx en Velin, Etupes et l’ECSEL. Après mes débuts à Pélussin j’ai rejoint Vaulx en Velin, c’est à cette période que je suis devenu champion de France espoir. Il ne me manquait alors pas grand-chose pour passer pro mais ça ne s’est pas fait. Du coup pour rebondir je me suis engagé avec Etupes, pour être franc ça s’est pas super bien passé. A la fin de cette année-là j’étais vraiment à deux doigts d’arrêter le vélo, tiens d’ailleurs j’avais même déjà commencé à travailler je n’avais plus la tête au vélo. Puis à la fin de la coupure hivernale Gilles Mas m’a contacté et m’a convaincu de rejoindre l’ECSEL pour un an. J’ai hésité car j’étais à un vrai tournant de ma carrière. Finalement j’ai rempilé pour un an et tout s’est passé à merveille. J’ai fait une sacrée saison avec notamment deux victoires en coupe de France et plus particulièrement le GP de Cours la Ville qui reste un excellent souvenir. Alors quand aujourd’hui on me demande si l’ECSEL c’est important pour moi ? Oui incontestablement, je suis forcément sensible à ce que le club a fait pour moi. C’est est en grande partie grâce eux si j’ai pu vivre de ma passion pendant 15 ans, une carrière professionnelle ça change une vie! L’ECSEL en a été protagoniste.

Les coureurs sont des élèves très attentifs, et chacun est unanime pour dire que dans tes briefings d’avant course tu insistes très régulièrement sur l’état d’esprit, l’attaque! C’est un discours à ton image?

Je ne sais pas si j’étais comme ça! Je n’étais pas le plus attaquant, mais pour n’importe quel jeune coureur qui envisage de progresser il faut attaquer! Faire des kilomètres à l’avant, en échappée c’est comme ça que tu prends de la caisse.
Je le sais par expérience c’est pour ça que j’insiste la dessus dans mes briefings. Quand j’étais coureur je courais assez juste, Je n’avais pas une grande giclette, je ne pouvais pas être dans 36 coups différents, par contre j’étais très résistant à l’effort et je possédais une bonne vision de la course, j’arrivais à cerner rapidement comment j’allais devoir manœuvrer pour tirer mon épingle du jeu. A partir du moment où j’étais devant on pouvait compter sur moi. Je ne gagnais pas à chaque fois c’est indéniable mais je jouais toujours placé! Je n’allais pas souvent non plus dans les échappées mais quand j’étais dedans c’était souvent un résultat à la clé. Si aujourd’hui j’insiste la dessus c’est pour que les jeunes passent un cap: il faut aller devant et faire la guerre! Et en fonction de ça je pourrais leur transmettre ma bonne vision de course. Il faut qu’au départ de chaque course, j’ai 6 guerriers, 6 mecs remontés comme des pendules qui en veulent, des gars prêts à aller au charbon! L’esprit offensif doit être perpétuel. Si on a que deux coureurs qui jouent le jeu c’est compliqué d’envisager quelque chose. Le bon exemple reste celui de Guillaume, tout le monde n’a pas son physique certes j’en suis conscient, mais son état d’esprit doit servir d’exemple!

« L’état d’esprit offensif doit être perpétuel »

Justement, pour rebondir la dessus, comment juges tu le début de saison du Team?

Dans l’ensemble ça pas ça n’est pas trop mal.Le seul vrai bémol reste la 2ème manche de Coupe de France. On est vraiment passé à côté surtout sur le dimanche. Gilbert Bousquet c’était plutôt bien dans l’état d’esprit même si le résultat n’a pas été à la hauteur de nos espérances. La crevaison de Guillaume dans le final à 6km de l’arrivée n’a pas joué en notre faveur, sans ça nous pouvions espérer une place entre 10 et 15, ça aurait conforté notre rang au classement général, Romain était aussi présent devant…Non l’état d’esprit était bon, la manière de courir des gars aussi! Il a juste manqué à mon sens un brin d’automatisme pour accompagner les coureurs sortis dans le final, à ce niveau-là et à ce stade de la course il ne faut pas hésiter trop longtemps. La vraie déception vient du dimanche ou les gars sont clairement passés à travers! Pour un premier bilan ça reste intéressant. Il y a une victoire, quelques belles places d’honneurs. Guillaume est égal à lui-même un vrai meneur d’homme toujours à l’attaque, Romain progresse de semaine en semaine, il doit lui aussi assumer un rôle de « leader » c’est un élément moteur du groupe, il faut qu’il en prenne vraiment conscience, pour qu’avec Guillaume ils tirent le groupe vers le haut. Pour parler des prochaines échéances j’espère qu’on fera une belle manche de coupe de France en Alsace ainsi qu’un beau Rhône Alpes Isère Tour sur lequel je serais en binôme avec Nicolas Moulard.

Beaucoup l’attendent ce Rhône Alpes Isère Tour…L’as-tu déjà fais?

Oui, oui plusieurs fois! Cette année le parcours n’est pas trop dur comparé aux autres années. Tant mieux ce n’est pas pour nous déplaire, la plus haute ascension reste le col de Pavezin, ça n’est pas dur et en plus les gars connaissent c’est presque à la maison. Contrairement à ce qu’on a pu voir sur les éditions précédentes il n’y aura pas d’ascension de « grands cols » comme l’Oeillon! Je le répète mais ça peut nous sourire. Il faudra courir juste! Je vois bien une échappée décisive qui dessinera le général. Certes c’est une course avec les pros oùpcar mais il ne faut pas s’arrêter à ça. L’essentiel c’est d’avoir un bon état d’esprit, être actif, faire une course de mouvement et repartir sans regret. Il faut qu’on se donne les chances de bien figurer nous devons croire en nous, on fera les comptes à la fin!

Cela fait maintenant 5 ans que tu as raccroché, avec du recul quel regard portes tu sur ta carrière? Pour te dire la vérité nous, on l’a adoré!

J’ai toujours dis que je n’avais pas de regret particulier sur l’ensemble de ma carrière! Quand j’ai démarré le vélo j’ai gagné ma 4ème ou 5ème course en cadet 2, à la fin de l’année je comptais 5 victoires et 5 places de 2, mon passage chez les juniors a été un peu plus dur, notamment en première année j’ai pas mal galéré. À ce moment-là mon objectif était d’être un bon amateur français voir un très bon amateur français. Passer pro c’était un rêve mais pas un objectif. L’élément déclencheur a été mon titre de champion de France de contre la montre espoir, là je me suis dit « Pourquoi pas après tout? » mais je ne me l’avouai qu’a demi-mot. Si avant que je franchisse le Rubicon on m’avait dit « Cyril tu vas faire tel carrière » j’aurai signé à deux mains! Si on m’avait dit « Tu vas gagner une étape sur la plus belle course du monde » « Tu vas porter le maillot jaune sur le Tour de France » Je ne sais même pas si j’y aurai cru, j’ai vécu des choses incroyables. Je suis aussi passé tout près d’un titre de champion de France derrière Thomas Voeckler à Pont du Fossé, où je termine finalement deuxième mais tu vois même la dessus je n’ai pas de regret c’est le vélo. Bon allez si j’en ai peut-être un regret, celui de ne pas avoir gagné le Tour de Catalogne en 2008. Je gagne l’étape reine de cette édition et j’endosse dans le même temps le maillot de leader. Le lendemain je prends une fringale à 3km d’un sommet … Sauf que celui-ci plongeait sur l’arrivée, au final se sont 60 mecs qui se sont disputés la gagne au sprint. Pour le coup j’ai vraiment cru que Julien Jurdie allait me rouler dessus! C’est la seule fois que j’ai fait une fringale dans ma carrière et ça m’est arrivé avec un maillot de leader sur les épaules. Hormis ça j’ai vraiment le sentiment d’avoir fait la quintessence de ce que je pouvais chez les professionnels.

« J’ai vraiment le sentiment d’avoir fait la quintessence de ce que je pouvais chez les professionnels » 

Tu es un coureur qui a pourtant eu beaucoup de pépins physiques ?

Oui c’est vrai j’ai eu un grand nombre d’ennuis de santé tout au long de ma carrière, mais à mes yeux ça fait partie de la vie d’un sportif de haut niveau. Des fois tu es coupé dans ta préparation physique alors que tu tournes à plein régime. Il faut savoir gérer ce genre de situations et rebondir. Il y a des jours ou tu es très très bas et d’autres ou tu es très très haut, tu dois réussir à jongler avec ça, se remettre en question pour aller de l’avant, c’est la vie de coureur cycliste! Mon vécu peut servir aussi pour les coureurs du Team. Une carrière n’est pas un long fleuve tranquille, avoir du mental c’est primordial ; beaucoup de mental c’est important pour avancer quand des obstacles se présentent et ainsi être capable de repartir sur une page blanche.

Pour en revenir à L’ECSEL c’est une DN1, certes mais c’est aussi des jeunes , beaucoup de jeunes! Tu étais d’ailleurs présent sur le TNJP en avril dernier. Une école de vélo ça compte pour l’identité d’un grand club?

C’est hyper important d’avoir une école de cyclisme. Nous sommes une structure à vocation formatrice avant tout, même les partenaires attachent de l’importance à ça. Quel club peut prétendre pouvoir former des jeunes dès l’école de cyclisme et les emmener progressivement vers le monde DN? Il n’y en a pas beaucoup. Nous comptons environ 200 licenciés, ce qui implique des bénévoles, des entraineurs, des encadrants. ça fait beaucoup de monde et d’intervenants, sans eux le club ne pourrait pas tourner aussi bien. Aujourd’hui j’aimerais qu’on arrive à encadrer des jeunes coureurs dès 10 12 ans puis les accompagner jusqu’a la DN1 et qui sait pourquoi pas en faire passer un ou deux chez les professionnels c’est le challenge que je me suis lancé. Tous ne sont pas faits pour faire du vélo, chacun doit progresser avec ses moyens et garder la notion de plaisir.
C’est une vraie chance pour un jeune d’avoir une telle structure qui offre une telle possibilité d’évolution. La partie formation est primordiale. Sans celle-ci le club ne pourrait fonctionner, c’est un vivier qu’il faut pérenniser. C’est regrettable de voir des coureurs s’en aller alors qu’ils avaient un potentiel intéressant chez les jeunes, il faut un petit attachement, l’ECSEL c’est une grande famille. 



« Nous sommes une structure à vocation formatrice »

Dernière question, tu travailles actuellement avec Maxime Larue et Nicolas Moulard qui possèdent quelques années d’expérience dans le management d’une équipe DN1, que t’apportent-ils?

Quand tu es coureur, tu es un assisté. Tu ne t’occupes de rien, tu ne te rends pas compte de l’organisation que ça implique! Tu reçois tes convocations, tu te pointes au rassemblement et ça s’arrête là. Alors Max et Nico m’apprennent tout sur cette organisation, la gestion humaine, l’ensemble des à-côtés de la course. Quand j’étais coureur j’ai eu affaire à plusieurs DS, avec certains ça passait parfaitement avec d’autres un peu moins. Chacun a sa manière de gérer un groupe. Max et Nico ont la leur, je m’en inspire, j’écoute, j’apprends. Maxime est depuis 7 ans à l’ECSEL il connait parfaitement la maison ça aussi c’est un plus. Et puis il a un côté humain qui est très apprécié de beaucoup de coureurs, c’est enrichissant de bosser avec lui. On se voit le mardi et jeudi, on se voit en course, on se voit en stage, nous travaillons pour faire au mieux et tirer l’équipe vers le haut. De mon côté je vais aussi tenter de lui apporter mon expérience notamment sur la vision de course, ou encore sur certains petits détails du quotidien des coureurs.

 

 

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Pièce jointe

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