Un champion du monde made in ECSEL

Le 21 août dernier, l’ECSEL, pour la première fois, a vu un de ses coureurs devenir champion du monde. Nathan Marcoux peut enfiler le maillot arc-en-ciel jusqu’à la fin de saison et porter haut les couleurs stéphanoises.

C’était il y a déjà quelques années, en 2019, sur la piste Roger Rivière de Méons, que tout a commencé. « On lui avait prêté un vélo. Il a fait son premier TNJP (Trophée national des jeunes sur piste) en baskets et cale-pieds » se rappelle Patrick Billet le monsieur piste de l’ECSEL. Quelques temps auparavant, le petit cherchait à faire du vélo et Patrick parle de l’école municipale des sports à ses parents. « Je proposais la découverte du vélo : route, VTT, piste… Nathan s’est montré tout de suite motivé et travailleur. Comme il avait envie d’en faire un peu plus et je lui ai proposé de prendre une licence au club et il a ainsi fait son premier TNJP ». En cale-pieds et baskets, donc. Né en 2007, le futur champion vient de rentrer au collège et le vélo lui plait. Il avertit ses parents sitôt revenu à la maison : « C’est trop bien, je veux revenir la semaine prochaine ».

On peut donc réussir en roulant à Saint-Etienne. Un club, une piste, récemment rénovée par la municipalité, et des encadrants qui font grandir. « On a fait notre travail d’éducateur et c’est une vitrine pour le club, on apporte notre pierre à l’édifice pour le cyclisme. On essaie d’amener les jeunes au vélo, c’est une priorité. Et après, le travail fait le reste, Nathan en est l’exemple ».

L’envie et le travail : la base du champion

Nathan roule alors en minimes, puis en cadet et court en compétition le week-end. Sur route – « on va dire que suis plutôt rouleur-puncheur, je suis bon sur les sprints de fatigués à la fin d’une course difficile » – et puis sur piste aussi. Un monde à part mais un monde qu’il aime. « Je n’ai pas peur, et à la limite, j’ai moins peur que sur la route. J’ai roulé pour la première fois sur du bois à Genève. Je me rappelle que je suis tombé dans un virage, ils sont très relevés là-bas et je ne roulais pas assez vite pour tenir ». Il a compris : pour rester sur le vélo, il faut donc aller vite. Nathan termine à quelques belles places, commence à gagner des titres. « Il faisait partie des plus forts mais ce n’était alors pas le plus fort. Par contre, il était un des plus sérieux et motivé » pour Patrick. « Il ne lâche rien sur le vélo, il sait se faire mal et a bien progressé en tactique de course avec la piste. Et à côté, c’est une crème, sympa, gentil, discret, il est copain avec tout le monde, il ne peut pas avoir d’ennemi ». Sauf parfois sur les épreuves de vitesse dans les vélodromes… « là, on se regarde un peu dans les yeux, on joue à se faire peur… »

De super fort, il fallait devenir un cador, alors le gamin part, tout en restant licencié à l’ECSEL, au Pôle France à Bourges en 2025. Installations au top, le matériel qu’il faut. « C’était un peu dur de partir mais je ne regrette rien ». Il faut dire que Nathan a envoyé du lourd pour cette dernière année en U 19 : trois victoires et une 7e place aux championnats régionaux sous les couleurs stéphanoises sur route et des gagnes à la pelle sur piste. Parmi les principales, le titre de champion de France Elite en poursuite par équipe ou la coupe de France à Foix où le Stéphanois s’impose en poursuite par équipe, sur le tempo, le scratch et à l’américaine. Bref, sur toutes les épreuves. La médaille d’argent aux championnats d’Europe aurait pu être l’apogée de la saison. Même pas.

Champion du monde

Vélodrome d’Apeldoorn, au Pays-Bas, le 21 août 2025. 24 juniors, les meilleurs de la planète, partent pour la finale de l’épreuve scratch des championnats du monde. La règle est simple : 30 tours à faire, le premier sur la ligne gagne le droit de porter le joli maillot. « C’est une course spéciale, on se jauge un peu, il y a des petites offensives mais rien de très tranchant. J’attaque à 18 tours de l’arrivée, c’est loin mais tout le monde se regarde. Un Allemand me rattrape à six tours de l’arrivée et on reste à deux pendant cinq tours. Au sprint, je sais que c’est dur de remonter donc je me mets devant, j’accélère pour faire un sprint long. Il n’arrive pas à me passer ». Nathan est champion du monde U 19 du scratch et l’ECSEL fête le premier champion du monde de son histoire.

Le lauréat sera un des favoris aux championnats de France sur piste à Loudéac fin octobre. L’avenir l’emmènera en 2026 en Nationale 2, à l’UC Pélussin. Au programme : de la piste bien sûr mais surtout plus de route, avec peut-être, il espère, des manches de coupe de France de DN2.

L’ECSEL, club formateur, a rempli sa mission. Et Patrick Billet aura un argument de plus pour recruter les jeunes cyclistes : la piste est le plus court chemin pour devenir champion du monde.