Luc, un coureur Made in ECSEL, made in StEtienne.
Quelques chiffres : 13 licences à l’ECSEL – 6 années en N1 – 20 manches de Coupe de France – 4 Grand Prix de St Etienne – 10 Cyclo-cross de Méons
- Tu as aujourd’hui 25 ans, qu’est ce qui t’as amené à débuter le cyclisme à l’ECSEL ?
Mon frère était licencié à l’ECSEL mais moi ça ne m’attirait pas vraiment. Puis c’est passée du « sans intérêt » à « je veux faire comme lui » en deux jours de bike trip avec mon père, ma sœur et lui. C’était au cours de l’été 2008, j’avais 11 ans. J’ai pris ma première licence dans la foulée en Benjamin 2.
- Le vélo est une histoire familiale, tes parents avaient déjà l’expérience de la compétition cycliste ?
J’ai toujours vu mes parents faire du sport, du sport plaisir, jamais dans une recherche de haut niveau, jamais en compétition comme on l’entend. Une pratique plutôt saine parsemée de quelques (parfois gros !) défis contre eux-mêmes. Mais tout ça ils le faisaient à pied eux, jamais à vélo. On n’avait aucun lien avec ce monde-là chez moi.
Puis mon frère s’y est mis, j’ai suivi, mon père aussi pour nous accompagner. Ma mère a attendu que je termine ma carrière pour qu’on fasse notre première Gachet ensemble ! (Quid de ma sœur ?)
Ensuite, mes parents m’ont évidemment toujours soutenu dans mon parcours à l’ECSEL. Je dis « évidement » parce que c’est bien de soutenir son gamin qui se fait plaisir à faire du vélo avec ses potes, dans une bonne ambiance et encadré par des gens compétents et passionnés.
J’ai eu la chance qu’ils m’aient accompagné comme ils l’ont fait. J’ai toujours été encouragé mais jamais poussé. Tout mon parcours, c’est moi qui l’ai choisi. Eux m’ont donné des moyens pour l’accomplir.
- Que retiens-tu de cette période école de cyclisme jusqu’en cadet ?
Ce que je retiens surtout de mes premières années de vélo c’est : des copains, des aventures et l’avènement de la passion.
Comme je l’ai dit, j’ai commencé le vélo alors que peu de chose m’y prédestinait. Je n’étais pour ainsi dire pas passionné. Mais à force de pratique, de rencontres, course après course, année après année, mon intérêt pour le vélo a toujours grandi. Et ça c’est en grande partie grâce à toutes ces aventures vécues. Elles ont été nombreuses (ça parlera à certains) : des sorties épiques, des randos dans la neige, des fringales à 2h de la maison, des égarements en VTT, des périples dans le cantal, des mardis PPG et des mardis piste, des stages avec les copains, des défaites et quelques victoires, des journées cross sous la flotte, de la rigolade, des belles parties de manivelles et mes premiers baroudages.
- Comment s’est passé ton arrivée dans la catégorie junior ?
En suivant toute la formation de l’école de vélo de l’ECSEL, les changements de catégories se sont faits très naturellement. Jusqu’à la catégorie junior ma vision et mon niveau ont évolué continuellement. Le vélo me passionnait de plus en plus. Difficile qu’il en soit autrement sous la direction de Matthieu (Rivory) ! J’étais de plus en plus assidu dans ma pratique, en essayant d’être appliqué chaque mardi, mercredi et samedi, et surtout en course.
Mais ça restait de l’amusement et du défouloir pour le lycéen que j’étais. A l’époque je n’avais pas en tête d’aller bien plus loin. Il fut un temps où je devais vivre mon jubilé lors du Tour Loire Pilat en junior 2 pour me concentrer sur mes études.
- Pour certain c’est l’heure des choix entre sport de haut niveau et études. Comment as-tu fait pour mener les deux de front ?
Je voulais intégrer une école d’ingénieur après mon bac, ce qui supposait que je ralentisse le rythme niveau vélo. Durant l’été j’avais l’habitude de rouler avec le Pôle quand ils étaient encore à Sorbiers. Au cours d’une sortie j’ai exposé ma situation à Dominique (Garde). Un dilemme pour lequel j’avais quasi fait mon choix. Il m’a fait retourner ma veste en me proposant qu’on prenne un rendez-vous avec la direction de l’ENISE pour qu’ils m’intègrent en tant que sportif de haut niveau pour suivre un cursus sport étude. Ils ont accepté le projet. En septembre j’ai intégré l’École Nationale d’Ingénieurs de Saint Etienne et le Pôle Espoir.
Ensuite ça a toujours été une histoire de rythme et d’équilibre. Certes ce n’est pas le plus facile de suivre des études en parallèle du vélo, mais honnêtement c’est faisable. Si l’occasion se présente il faut y aller. J’aurais été bête de ne pas tenter le coup. Plus que faisable, ça a été un atout pour moi. L’équilibre trouvé m’a permis d’avoir beaucoup de recul sur ma pratique du vélo et l’aventure cycliste m’a apporté des qualités qui me profiterons professionnellement et humainement.
● En espoir tu participes à tes premières courses en DN1 et marques tes premiers points en coupe de France, c’est une grosse marche ?
Oui effectivement, assez inattendu. J’ai débuté en espoir en 2e catégorie avec pour simple ambition de poursuivre ma progression. Le Pôle m’a énormément apporté pour ça. Dès le début de saison j’ai senti que je pouvais de plus en plus m’amuser en course. Alors j’ai vu la possibilité de monter en 1ere avec mes résultats. Mon entrée dans la DN1 c’était au Tour du Chablais, avec Léo (Boileau). Gruppetto tous les jours. C’était chouette.
Quelques semaines après Max (Larue) me sélectionne pour la dernière coupe de France de la saison à Blangy (s/ Bresle). 180 bornes de flotte et de vent normands. Je n’ai jamais quitté ma place dans le peloton. Dans la dernière boucle je me vois encore batailler pour épauler Clém (Russo). Il crève, je suis à bloc, Silver (Maoma) fait 3 et moi 26. J’ai marqué 4 points.
Ce que je sais sur mon intégration dans la DN1 c’est qu’elle ne s’est pas jouée que sur ma valeur physique. Je n’ai jamais été celui qui gagne tous les dimanches. En revanche j’ai toujours été fidèle à l’ECSEL, reconnaissant de la formation apportée et je crois avoir toujours couru dans l’intérêt de mon équipe. Ça a payé à ce moment là puisque la DN a vu qu’ils pouvaient compter sur moi. J’ai vite enchainé des belles courses avec le groupe. En échange le groupe m’a apporté sa science et les belles courses m’ont permis de progresser. En espoir 2 j’ai beaucoup appris aux côtés de Clément (Russo) et Matthieu (Jeannes).
- Petit à petit, tu es devenu le capitaine de route de la Nat1. Quelles sont les qualités pour être un bon coureur élites ?
Ça aussi c’est venu très naturellement, ce n’est pas facile à expliquer. Je n’ai jamais eu la sensation d’avoir à endosser un rôle. En fait dès espoir 2, je sais que je faisais partie de l’équipe entre autres parce que j’apportai de la sérénité et de la cohésion. Ensuite mon niveau c’est élevé, ce qui m’a certainement donné un peu plus de légitimité. Je ne suis pas un grand bavard ni un grand communiquant. Je crois que ce statut est venu par les valeurs que je transmettais sur le vélo, en course et à l’entrainent : l’application, l’écoute, le sérieux, le respect, la cohésion, l’amusement… mais jamais par des discours, simplement en faisant les choses.
Une autre chose importante qui m’a donné de la légitimité : je savais courir. Qu’on veuille atteindre les rangs professionnels ou simplement s’amuser à son niveau ça me semble primordial. N’ayant jamais eu des qualités physiques hors norme, j’ai toujours dû courir intelligemment pour réussir. L’ECSEL et l’école de vélo y sont pour beaucoup. J’ai eu la chance de faire toutes mes premières années de vélo accompagné par Matthieu Rivory, puis Dominique Garde au Pôle. Ça parle.
Je suis obligé de le dire mais le vélo ce ne sont pas que des watts. Pour qu’ils soient utiles il faut savoir frotter au bon moment, être dans le bon coup, descendre, bordurer, bouffer du vent quand c’est utile pour l’équipe, rester à l’abri quand ça ne l’est pas…
- Ton palmarès, mais l’important est peut-être ailleurs ?
Victorieux à Ambert, 2e au Prix du Boudin… Non effectivement ce n’est pas l’essentiel de ce que je retiens.
Pour preuve, la saison 2019 a été celle où je me suis le plus amusé : un groupe génial, une saison pleine, de très belles courses (les CDF, des classe 2, les championnats de France amateur et U23, une coupe des Nations…), des km d’échappée, des victoires collectives ; mais aucune individuelle. C’est une des seules saisons où je n’ai pas levé les bras, en tout cas pas pour moi, et c’est celle que j’ai préféré.
Je retiens d’avantage les weekends où j’ai tenté des choses en prenant une échappée incroyable, où j’ai aidé mes collègues pour un classement général… plutôt que mes quelques résultats sur des plus « petites » courses (que je ne dénigre pas, elles sont primordiales pour le cyclisme amateur !). Je ne crache pas non plus sur les fois ou j’ai pu lever les bras pour moi, bien sûr que c’est génial ! J’ai aussi la chance d’avoir des podiums en élite, marqué quelques points en CDF, fait des placettes en classe 2 ou sur une Coupe de Nations. Ce que je veux dire c’est que j’ai plus d’attachement pour (ça c’est pour les nostalgiques) mon baroudage repris à la flamme rouge aux Boucle de l’Artois, les bordures avec des brutes sur Paris Tours, au RAIT, une belle échappée sur le GPSE ; pour le podium de Clément (Russo) au Tour de Beauce, celui de Louis (Richard) au Tour d’Auvergne, les victoires de Maxime (Jarnet) à l’Estivale Bretonne ou Jaakko (Hanninen) au Tour du Chablais ; pour le duo qu’on formait avec Siim (Kiskonen), pour ce que j’ai apporté à Sandy (Dujardin) ou le soutien que j’ai reçu de Matthieu (Jeannès)…
- Ton meilleur souvenir ?
Il est surement parmi ceux cités précédemment. A partir du moment où c’est une belle aventure humaine avec des copains, c’est un bon souvenir. Si en plus c’est couronné de succès alors c’est un très bon souvenir.
Peut-être que le Tour de Beauce 2017 est le meilleur (2.2 au Canada). Ça a été une aventure incroyable avec des gars qui ont beaucoup comptés pour moi. J’étais en espoir 2 : ça a boosté mon apprentissage. Et ça a été un succès avec le podium de Clément au classement général.
Je suis heureux d’avoir pu terminer mon parcours sur une aventure très similaire au Baltic Chain Tour (2.2 en Estonie et Lettonie).
- Et maintenant quels sont tes projets ?
Là, tout de suite, je vis en Andalousie. Je fais ma dernière année universitaire à l’Université de Grenade et j’espère obtenir mon diplôme d’ingénieur Génie Civil d’ici 2023. Cette parenthèse espagnole me sort complètement de la bulle du vélo, de ma zone de confort, et je trouve ça super enrichissant. Ça fait du bien, surtout après ces deux dernières années compliquées. Puis je crois que c’est important de voir autre chose. J’avais l’idée que j’arrêterai le haut niveau pour partir à l’étranger depuis des années. Savoir que ça s’arrêterait m’a permis de vivre le vélo à fond.
Après ça je pense revenir au pays pour trouver du travail, à voir où ça me mènera, tout n’est pas décidé.
Pour les inquiets : oui j’ai mon vélo en Espagne et oui je profite bien du soleil.
- Une dernière remarque ?
Merci à l’ECSEL, à l’école de vélo et à la N1.
Merci au Pôle.
Merci à l’ENISE.
Merci aux joueurs.