« L’accession au haut-niveau ne se fait pas parce que vous avez un CV en béton en école de cyclisme »

Après plus de 15 années passées à l’ECSEL, en tant que jeune licencié de l’école de cyclisme, coureur de l’équipe DN1 et désormais entraineur, Ugo CLARETON représente plus que jamais le « made in ECSEL » dont nous sommes si fièrement attachés. Retrouvez sa chronique sur le site chaque semaine :

  • Tu as beaucoup gagné dans tes jeunes années, est-ce que cela a été un avantage par la suite pour être coureur élite et accéder à la DN1 ?

Je pense qu’il faut clarifier les choses concernant les résultats lorsqu’on est jeune : tous les résultats que l’on obtient avant les rangs juniors (et même parfois y compris dans cette catégorie) ne sont que du bonus. Gagner une course ou faire un bon résultat en benjamin, minime, cadet … c’est super et ce sont des moments qui font toujours plaisir. Mais l’accession au haut-niveau ne se fait pas parce que vous avez un CV en béton en école de cyclisme.

J’ai eu cette chance d’avoir toujours eu autour de moi des personnes (que ce soient mes proches ou mes éducateurs à l’ECSEL) qui tenaient ce discours que le “vrai” vélo commence à partir d’espoir ; que dans les catégories jeunes il faut garder cet aspect de jeu, avoir une approche ludique de notre sport. Je peux citer tellement d’exemples de jeunes coureurs que j’ai côtoyés, qui avaient des résultats excellents et qui mettaient un tour au 2ème mais qui ont tout arrêté dès que la tendance a commencé à s’inverser.

A l’inverse je connais des coureurs, et certains d’entre eux font parti de l’équipe DN1 aujourd’hui, qui traînaient leur misère sur les courses dans les jeunes catégories, qui prenaient des tours et des tours par les premiers, et qui ont dû attendre des années avant de tenir un peloton sur toute la durée d’une course. Les raisons pouvaient être multiples mais la plupart du temps c’était dû à une croissance moins précoce que leurs adversaires ou simplement par un manque d’entraînement ou de pratique. Ce qu’il faut retenir de ces coureurs c’est qu’ils ont appris une chose essentielle dans un sport aussi difficile que le cyclisme : la persévérance. Car lorsque les règles du jeu commencent à s’équilibrer, avec une maturité physique atteinte pour tout le monde vers les rangs juniors, il est facile de repérer ceux qui ont toujours tout eu dans la facilité et qui abandonnent après la première course terminée en dehors du podium ou après la première difficulté rencontrée. En revanche, ceux qui ont compensé leurs lacunes physiques par leurs qualités techniques et qui ont une détermination à toute épreuve se voient récompensés.

A titre personnel j’ai beaucoup gagné et eu de très bons résultats chez les jeunes. Mais j’ai toujours gardé un certain recul vis-à-vis de ça. Lorsque le niveau d’adversité fut plus homogène et qu’il a été plus difficile de faire des résultats cela me motivait malgré tout car on ne tire jamais vraiment de satisfaction à faire les choses dans la facilité. C’était passionnant et motivant pour moi d’essayer de tirer la quintessence de mon potentiel pour essayer d’obtenir les meilleures performances possibles. Les raisons qui ont fait que j’ai évolué pendant plus de 15 ans en tant que coureur et compétiteur, c’est que j’avais l’obsession de vouloir toujours donner le maximum de moi-même et faire en sorte de progresser. Chez les jeunes la place et le résultat sont secondaires, ce qui compte ce sont les deux qualités que je viens de citer, ce sont elles qui permettent de durer dans ce sport si l’on souhaite atteindre le haut niveau.

ECSEL