1) Matias, peux tu commencer par te présenter en quelques mots pour que nos lecteurs apprennent à mieux te connaitre, car l’on ne sait que très peu de chose à ton sujet finalement ?
Je m’appelle Matias Fernando Arriagada Pizarro et mesure 1 mètre 64 pour un poids de 57 kilos. Je viens de la ville de Curico au Chili qui se situe 200 kilomètres plus au sud de Santiago, la capitale. Je suis effectivement originaire de la même ville que Victor Rojas Abarca (assistant dans le Team Probikeshop Saint Etienne Loire) et Cristobal Olavarria Abarca (ancien coureur du Team l’an dernier). J’ai débuté le vélo à l’âge de 14 ans et je cours dans mon pays pour le club de Curico, l’Union Ciclista Curico. Jusqu’en décembre dernier (qui marque la fin d’année au Chili), j’étais au lycée où j’ai obtenu mon diplôme (l’équivalent du baccalauréat). Et je viens d’arriver durant le mois de mai en France.
2) Pourquoi cette décision de quitter le Chili pour rejoindre l’Europe ?
Pour le cyclisme tout simplement car je sais qu’il y a plus d’opportunités en Europe. Les équipes sont mieux structurées par rapport à l’Amérique du Sud et sont plus professionnelles dans leur approche. Puis, les chances de se faire remarquer par les équipes professionnelles sont bien plus élevées dans les courses européennes. Il serait bien plus difficile de réussir à percer en restant au Chili. Pour faire carrière, il faut venir ici mais ce n’est pas un problème puisque je sais ce que je veux.
3) Comment es-tu arrivé à Saint Etienne ?
Par le biais de Victor. En faite, depuis le début de mes deux années juniors, je commençais à me renseigner auprès de lui car je savais qu’il était à Saint Etienne avec Cristobal dans une grosse équipe amateur. Au Chili, j’en parlais également avec José Medina (cycliste chilien qui a fait carrière dans les rangs amateurs français) qui connait très bien le cyclisme français pour y avoir évolué pendant quelques années. Tous les deux étaient pour ma venue ici, à condition de prouver que j’avais le niveau pour courir et performer en France. Puis comme mes années juniors se sont bien passées (participation au championnat du monde notamment), les contacts avec Victor se sont intensifiés pour déboucher par mon arrivée dans le Team Probikeshop Saint Etienne Loire.
4) Quel est ton profil de coureur ?
Je suis un puncheur. Je passe bien les petites bosses. Par contre, les montées trop longues comme peuvent l’être les cols ne me conviennent pas car mon explosivité ne me sert alors pas à grand chose. Je suis également doté d’une jolie pointe de vitesse grâce à ma formation sur piste qui m’a amené à devenir champion du Chili Junior de la Course aux Points, du scratch et de l’américaine. J’ai aussi terminé 2° de la poursuite individuelle.
5) Qu’est ce qui te plait le plus dans le cyclisme ?
La motivation qui m’habite est de faire mieux que mon père, auteur d’une très belle carrière. Lui aussi est venu en France pour le vélo. Avec réussite puisqu’il a participé 2 fois aux Jeux Olympiques (Atlanta et Athènes) tout comme mon oncle qui lui a pris part à trois Olympiades (Atlanta, Athènes et Pékin). Et comme tout coureur cycliste, j’aime la victoire, c’est ce qui me motive à m’entrainer tous les jours plus forts pour devenir meilleur.
6) As-tu des idoles dans le cyclisme ?
J’admirais Lance Armstrong et Alexandre Vinokourov lorsqu’ils couraient. Mais je ne savais pas que Vino était passé à l’Ecsel avant de devenir pro. C’est Victor qui me la dit quand je suis arrivé en France et que j’étais alors surpris de voir dans le bureau du club une photo de mon idole sous le maillot de Saint Etienne. Surtout que Vino, c’est la grande classe comme il a su le démontrer jusqu’au bout avec ce titre de Champion Olympique (à Londres) pour mettre fin à son immense carrière.
7) Quel a été jusqu’à maintenant ton meilleur souvenir en tant que coureur cycliste ?
Mon meilleur souvenir est le Championnat du Monde Junior sur Route disputé en Italie (Florence) en septembre dernier. Je termine 89° mais c’était une grande aventure, impressionnant pour mes premiers pas dans le cyclisme européen et même international pour le coup.
Mais j’ai d’autres souvenirs marquants comme une course que j’avais fait avec mon père en cadet 2. Au Chili, on appelle ça le circuit de la Province. C’est une course de 220 kilomètres qui traverse tous les villages de notre région. Avoir l’opportunité de participer à une course avec son père alors qu’on n’est encore simplement cadet 2, c’est rare et cela restera comme un de mes grands souvenirs cycliste à mes yeux. J’en suis très fier. Depuis, je suis retourné sur cette course, que j’ai même remporté l’année dernière, mais cette fois-ci sans mon père.
8) Quelles différences penses-tu qu’il existe entre le cyclisme que tu connais en Amérique du Sud et celui que tu découvres en Europe ?
Le Professionnalisme ! Comme je l’ai dit plus tôt, il n’y a rien de comparable entre le vélo qu’on pratique sur ces 2 continents. Tout est plus sérieux, plus maitrisé, plus élaboré en Europe. La discipline des équipes mais aussi du staff ainsi que la rigueur des coureurs sont bien plus présentes chez vous. En Amérique du Sud, on ne dispose pas d’autant de moyens pour structurer de la même manière le cyclisme.
9) Est-ce difficile de quitter sa famille, ses amis pour rejoindre un continent lointain, presque inconnu pour ne pas dire totalement inconnu ?
Non, maintenant, avec Internet et tous les outils qui existent, il m’est très facile de rester en contact avec tous mes proches. C’était bien plus compliqué avant et pourtant des coureurs traversaient déjà l’Atlantique pour se frotter aux compétitions européennes. Je me dis que si d’autres l’ont fait, pourquoi pas moi ?
Mais c’est vrai que je communique beaucoup avec le Chili depuis mon arrivée, d’autant que je ne maitrise pas encore assez le français pour pouvoir le parler.
10) Comment se passe tes premiers contacts avec tes coéquipiers du Team Probikeshop Saint Etienne Loire ?
Très bien, tout le monde est très sympa avec moi. Les coureurs comme le staff sont très attentifs à mon intégration, que ce soit la semaine pendant l’entrainement et le repos, comme le week end sur les courses. Non, je m’intègre vraiment très bien à l’équipe et je suis heureux d’être à leurs côtés, ce qui accroit encore davantage ma motivation pour les prochaines courses que nous allons disputer.
11) As-tu des passions, des loisirs auxquels tu t’adonnes lorsque tu n’es pas sur ton vélo ?
Oui, j’aime beaucoup sortir avec mes amis la journée pour nous promener. On va au cinéma, dans les centres commerciaux, on fait les magasins, tout ce que l’on peut faire lorsqu’on est en ville.
12) Questions décalées )
– Film préféré : Fast and Furious
– Plat préféré : Pantruca, c’est une soupe composée de légumes, de viandes, de pommes de terres, de riz et de petits mets à base de farine. C’est un plat traditionnelle et typiquement chilien.
– Conseil que tu donnerais aux jeunes qui veulent commencer le vélo: Il faut être persévérant. Au début je n’étais pas bon mais en travaillant, j’ai pu beaucoup progresser.